Karond Kar

RECIT D’UN RESCAPE:

“Je fus capturé une nuit maudite, il y a de cela deux années.
Des Elfes noirs me ruèrent de coup et me droguèrent.
Je me souviens d’une porte gigantesque, puis, de ma cellule.
J’y restai une semaine sans manger ni boire, jusqu’à ce qu’un officier vienne me marquer au fer rouge du signe des esclaves, après quoi je fus mêlé à la foule de mes congénères.
Avec les nouveaux arrivants, ont nous coupa encore les oreilles pour empêcher que nous parlâmes les uns aux autres.

Il y avait là des prisonniers de toute espece et de tout âge.
Je fus enchaîné à un lot de trente autres esclaves et on me découvrit mon quotidien: travailler dans les mines, de jour, où la chaleur étouffante et le manque d’oxygène faisait de chaque mouvement un calvaire, et la nuit cueillir les baies de “xindarl” qui, lorsqu’elles sont écrasées, dégagent de puissantes vapeurs toxiques et hallucinogènes.
Le tout sous les coups de fouets et de bâtons des gardiens qui prenaient néanmoins soin de nous maintenir en vie.

Lorsque l’un de nous faiblissait trop, un officier se présentait.
Il lui arrachait une dent à coup de dague puis la dissimulait dans une de ses mains.Si le malheureux trouvait la dent, il était soigné et mis au cachot, sinon, il était emporté vers le haut quartier pour le divertissement de la noblesse.

Ceux qui survivaient au Haut Quartier étaient ramenés dans le kalith sans chaines ni boulets.
Ils restaient debout au même endroit, sans dire mot, comme des coquilles vides, dénués de toute volonté et personne n’y prêtait attention jusqu’à ce que, au bout de quelques jours, ils s’effondrent dans la poussière.
Alors les gardiens pouvaient éventuellement autoriser qu’on s’en nourrisse.

Si l’un de nous parvenait à se donner la mort en cachette, son corps restait enchainé à celui des 29 autres, jusqu’à décomposition.

Les enfants avaient droit à un traitement spécial: trop faibles pour supporter la rudesses des travaux imposés, les Elfes Noirs leur découvrirent bien vite l’avantage d’une influence psychologique certaine sur les autres prisonniers.
Ils les plantaient a de grandes croix de fer exposées à la vue de tous et les cravachaient sans relache.Leurs hurlements servaient de fond sonore à Karond Kar: cela terrorisait les prisonniers et ravissait le haut quartier. Aussi les enfants devaient-ils hurler sans discontinuer. Pour cela ils étaient nourris et plutôt bien traités comparés aux autres détenus.
Mais si d’aventure ils perdaient leur voix, l’officier de garde leur ouvrait lentement le ventre et les laissait pourir sous des nuées de mouches. Beaucoup d’enfants en bas âge finirent ainsi.

Un jour, l’officier de garde vint me trouver et m’emmena dans une cellule.
On me dit que je serai libéré à la condition que je m’amputasse les deux jambes.
J’acceptai et je m’exécutai sous le regard attentif de mes geoliers et de quelques invités.
Je perdis connaissance.
Je retrouvais mes esprits un moment plus tard.
J’étais dans un cachot.
J’avais été soigné et suturé.
Un garde ayant découvert que j’avais repris connaissance m’ouvrit la porte du cachot.Il me poussa à coup de pieds à travers d’interminables couloirs et me creva les yeux.

Je fus hissé sur un animal de charge et transporté jusqu’au voisinage du village de Gorgu où vous m’avez jadis trouvé il y a de cela trois années."

Récit recueilli par Gorgu peu avant la mort d’Avanael Bleussouboi, rescapé de Karond Kar.
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